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LE PRINCE DECHU
PREMIER CHAPITRE


Golfe du Morbihan, il y a environ 6500 ans...
Accroupis derrière un épais fourré d'ajoncs, Aalthus et son fils plissèrent les yeux pour ne rien perdre du spectacle surprenant qui s'offrait à eux. A quelque distance, sur un tertre couvert de bruyère, une bande de cinq louve-teaux espiègles s'ébattait en silence sous la lumière blafarde de la pleine lune. Placés sous le vent, les deux hommes n'avaient pas été repérés.
Le loup, dont ils avaient fait leur totem, avait toujours fasciné les membres du clan. Les chasseurs, en particulier, le considéraient comme leur frère.
Au sommet de la butte rocheuse cernée de genêts courbés par les vents, la louve surveillait sa progéniture, flairant l'air de la nuit, attentive au moindre signe suspect. Sa silhouette hiératique se découpait en ombre noire sur la clarté féerique du ciel nocturne.
- Que mon fils ne bouge pas! murmura Aalthus à l'adresse de Jehn.
Le conseil était superflu. Dès qu'il s'aventurait en forêt, le jeune homme savait se faire aussi discret que le chat sauvage.
De temps à autre, les louveteaux se rapprochaient de leur mère, bondis-saient sur elle, lui mordillaient la gueule, quêtant un coup de langue, peut-être un peu de nourriture. Distraite un moment, elle se laissait aller à jouer avec eux, se roulant joyeusement dans les bouquets mauves. Puis un bref grognement rappelait les jeunes insouciants à l'ordre. Alors ils s'éloignaient, reprenant leurs cabrioles feutrées, sans jamais dépasser les limites invisibles fixées par la louve. Parfois un jappement d'excitation parvenait aux oreilles des deux chasseurs.
Soudain, sur un signe imperceptible, ils se calmèrent et vinrent se blottir contre leur mère. L'instant d'après, l'ombre majestueuse du mâle se matérialisa près de la louve qui émit un léger couinement de joie. Il tenait dans sa gueule un lièvre superbe. Il le déposa telle une offrande au pied de sa compagne et s'assit sur son arrière-train. Ravis de l'aubaine, les jeunes se jetèrent avec voracité sur la proie qu'ils déchique-tèrent en se chamaillant.
Aalthus et Jehn s'apprêtaient à repartir, émerveillés, lorsque le mâle se dressa en grondant, flairant les effluves nocturnes d'un air inquiet. Il n'y eut qu'un bref échange de grognements, à la consonance presque humaine. Aussi-tôt, les louveteaux se fondirent dans les ténèbres d'un bouquet de genêts, tandis que leurs parents ramassaient leurs formes puissantes pour affronter un danger nouveau, qui semblait provenir de l'autre versant du tertre.
Un long frémissement parcourut l'échine de Jehn. Il huma avec attention les odeurs de la nuit, et reconnut le fumet dégagé par l'agresseur bien avant que celui-ci n'apparût.
- Un ours! chuchota-t-il à l'adresse d'Aalthus.
Le vieux chasseur acquiesça d'un signe de tête. Les loups se mirent à gronder, découvrant leurs doubles rangées de crocs puissants, luisant sous la lueur blême de la lune. Des profondeurs ténébreuses du ravin opposé surgit la silhouette massive et impressionnante d'un grizzly brun. Il était rare d'en croiser un aussi près de l'océan. D'ordinaire, ils hantaient les hautes combes des massifs granitiques de l'intérieur des terres, bien plus au nord. Sans doute avait-il flairé l'odeur des louveteaux.
Apercevant le couple, le mastodonte poussa un feulement rauque, se dressa sur ses pattes arrière et se dirigea de sa démarche dandinante vers les fauves qui firent face avec courage. D'habitude, les ours et les loups vivaient en bonne intelligence. Mais le grizzly devait être un vieux solitaire pour lequel toute proie présentait un intérêt.
Par solidarité, Jehn se rangea aux côtés des loups. Les yeux rivés sur la scène, il serra les dents. Il aurait aimé intervenir. Mais c'était une règle d'or que de respecter les combats livrés par les animaux. Les dieux tutélaires de la forêt décidaient de ceux qui devaient survivre ou mourir, afin de préserver la puissance de chaque espèce. Ainsi parlaient les anciens du clan.
L'ours s'avança encore, sans que les deux loups ne reculassent d'un pouce. Les grondements s'amplifièrent.
Tout à coup, Jehn eut l'impression étrange de se dédoubler, de quitter son corps; son esprit traversa l'éther pour se fondre à celui du mâle. Le fauve fut parcouru d'un long frissonnement. Sans comprendre ce qui lui arrivait, Jehn découvrit la silhouette gigantesque par les yeux de l'animal. Ce fut comme s'il était devenu loup lui-même. Il ressentait, jusqu'au plus profond de sa chair, le besoin vital de protéger ses petits et sa compagne. Une compagne pour laquelle jaillit en lui un amour débordant, exclusif. Il était prêt à offrir sa vie pour elle.
Mus par une puissance incontrôlable, les muscles de ses membres se contractèrent, se chargèrent d'énergie. Puis il se rua sur l'ennemi. Il percevait, sous les coussinets de ses pattes, le sol rocailleux, le frôlement de la bruyère sur ses flancs. Son souffle s'accéléra, lui gonflant les poumons d'une vigueur nouvelle. Il n'éprouvait aucune frayeur, seulement une rage profonde qui prenait racine au plus profond de son être. En un éclair, il fut sur le plantigrade, imité par la louve. Celle-ci encaissa aussitôt un maître coup de griffe qui l'envoya bouler au loin. Le mâle parvint à s'agripper sur l'échine de son adversaire et planta férocement ses crocs dans l'épaisseur graisseuse de sa nuque. Le grizzly poussa un épouvantable barrissement de douleur. Un goût de sang inonda la bouche de Jehn. Le silence nocturne avait éclaté sous les rugissements furieux des bêtes et le vacarme de la lutte.
Stupéfait, Aalthus observa son fils. Les yeux fixes, celui-ci se tenait aussi immobile que les pierres levées qui connaissaient les secrets des étoiles et du soleil. Il n'osa dire un mot et attendit la suite avec anxiété. Il savait depuis longtemps que Jehn n'était pas un enfant comme les autres, même si jusqu'à présent son comportement s'était révélé tout à fait normal. Cependant, il se doutait que tôt ou tard, il ferait preuve de dons particuliers. Et depuis toujours, il le redoutait. Car il ignorait de quelle manière ils se manifesteraient, ni surtout quelles en seraient les conséquences.
Il reporta son attention sur les fauves. L'ours battit l'air de ses pattes gigantesques, tentant en vain de se débarrasser de son assaillant. Mais le loup ne lâchait pas prise. Ses mâchoires puissantes auraient brisé l'os le plus robuste. Jehn perçut l'écho de la chair broyée sous ses propres dents. Enfin, le plantigrade roula dans la bruyère. Le loup bondit avant d'être écrasé sous l'énorme masse, retomba sur ses pattes et fit de nouveau front.
L'ours se redressa, émit un long feulement. La nature sembla se figer. Le monstre balança sa lourde tête, eut un mouvement velléitaire pour charger. Puis il hésita, recula et disparut sans hâte au creux de la ravine opposée.
Ancré dans l'esprit du loup, Jehn sentait son coeur battre à tout rompre. Enfin tout se calma. Le mâle revint vers sa compagne qui gémissait doucement, écroulée contre une pierre. Le fauve lui lécha les babines avec affection, puis huma les plaies occasionnées par les griffes de l'ours. Par chance, elles n'étaient guère profondes. En lui se forma l'image d'un bain de boue qui cicatriserait les blessures. Il émit un grognement doux, pour la rassurer, lui dire son amour.
Tout à coup, le lien insolite se rompit. Jehn s'ébroua, comme s'il s'éveillait d'un songe, étonné de se retrouver dans son propre corps. Sur sa langue demeurait le goût âcre et salé du sang vif. Au coeur de la lande argentée, par-semée des taches mauves de la bruyère, le loup léchait les plaies de sa compagne avec une délicatesse émouvante. La louve se releva et boitilla vers les louveteaux qui surgirent de la nuit pour venir entourer leur mère avec des jappements de joie.
Un peu inquiet, Aalthus regarda son fils. C'était un immense gaillard, qui dépassait tous les hommes de la tribu de deux têtes. Le reflet de la lune auréolait son épaisse crinière d'un blond foncé, tirant sur le roux. Il ne ressemblait à nul autre membre du clan. Son regard, aux yeux d'un vert très pâle, paraissait percer l'esprit de ses interlocuteurs. Son visage aux traits réguliers, au menton carré, trahissait un esprit volontaire. Mais ce n'était pas là le plus étrange. Malgré sa jeunesse, Jehn possédait déjà la sagesse d'un homme mûr. Contrairement aux autres adolescents de son âge, qui se conduisaient comme de jeunes chiens fous, il montrait toujours le plus grand calme, même au moment de l'action. Peut-être était-ce dû à sa force co-lossale, quasi surnaturelle. Aalthus l'avait vu, quelques mois plus tôt, soulever un aurochs adulte sur ses épaules. Nul homme n'était capable d'un tel exploit.
Un sentiment paradoxal, mêlé de fierté et de crainte, l'envahit. Une foule de souvenirs, dominée par une idée terrible, lui remonta à la mémoire. Lorsque l'enfant était né, dix-sept années auparavant, il avait failli le tuer. Un dieu s'était joué de lui. Aujourd'hui encore, il ne comprenait pas. Il n'avait pas achevé son geste. La déesse-mère, Gwanea, qui protégeait toute vie, aussi humble fût-elle, ne le lui aurait jamais pardonné.
Au dernier moment, il avait épargné le bébé. Il revoyait encore le long poignard de silex levé sur le corps déjà robuste du petit garçon. Son premier-né. Il en frémit rétrospectivement.
Jamais il n'avait parlé à Jehn de ce qui était advenu avant sa naissance. Et à présent, il éprouvait pour le jeune homme une affection peut-être plus grande que pour les autres enfants que lui avait donné sa compagne, la belle Alëunda.
Il aurait voulu lui parler, mais il s'abstint. Apparemment, Jehn lui-même n'avait pas compris ce qui s'était passé. Les deux hommes demeurèrent quelques instants à observer la scène, puis se fondirent en silence dans les profondeurs de la forêt.
Empruntant les pistes forestières tracées depuis l'aube des temps par les grands animaux, le père et le fils reprirent le chemin de Trois-Chênes, le village de la tribu. Un air frais leur gonflait la poitrine, chargé des odeurs des sous-bois, arôme de l'humus, relents des champignons, remugles d'une vasière proche, fragrances diverses de chaque essence d'arbre et de plante.
A l'orient, sous les feux naissants de l'aube, le ciel nocturne commen-çait à pâlir. Les étoiles s'éteignaient une à une, annonçant une journée radieuse. Jehn ne se lassait pas de les admirer. Elles étaient les filles d'Urgann, le dieu créateur de l'univers.
Le long des sentes des crêtes, les deux hommes arrivèrent  dans la val-lée occidentale qui commandait l'accès au village. Ils s'assirent quelques instants sur un affleurement de granit pour reprendre leur souffle. Depuis le milieu de la nuit, Jehn transportait sur ses épaules le cadavre d'un sanglier qu'il avait abattu d'une flèche imparable. Il le déposa sur le sol et étira ses membres courbaturés.
Très loin, par delà le moutonnement de verdure et de champs épars qui abritait la petite tribu, s'étendait la ligne argentée de l'océan. Les légendes affirmaient qu'il n'avait pas de fin. Un homme qui aurait osé s'aventurer sur ses eaux serait ainsi parvenu au bord d'un gouffre effrayant qui menait dans le royaume mythique des dieux anciens. Mais qui serait assez fou pour tenter une telle expédition ? Aucun coracle, aucun radeau n'était assez puissant pour affronter ses tempêtes soudaines. Ainsi les divinités se tenaient-elles hors de portée des humains.
Aalthus posa la main sur l'épaule de son fils.
- Jehn est un grand chasseur, dit-il d'une voix sobre.
Puis il sortit une tranche de viande fumée de son sac de cuir; il la coupa en deux avec son poignard de silex à la lame effilée, solidement fixée à un manche en os par un mélange de résine et de cire d'abeille. Tous deux se mirent à mâcher la nourriture avec un plaisir évident, se désaltérant parfois de l'eau fraîche d'une gourde fabriquée dans la vessie d'un cerf.
Jehn aimait ces instants de silence et de plénitude qu'il partageait avec son père. Aalthus était le chef de la "Tribu des Loups", du village de Trois-Chênes, situé le long de la Khor'ach, la rivière occidentale qui se je-tait dans le Golfe de la Petite Mer(1).
Habitués à chasser ensemble depuis que le jeune homme était en âge de tenir une arme, ils se comprenaient sans avoir besoin d'échanger un mot. Un regard suffisait. Avec son père, Jehn avait appris, du moins le croyait-il, tous les secrets de la forêt et des animaux. Malgré son caractère rude et ombrageux, il admirait Aalthus; sa sagesse lui avait valu la responsabilité des quelque quatre cents membres de la tribu. Le premier, il avait osé utiliser l'arc, cette arme nouvelle qu'il avait négociée quelques années plus tôt contre une fortune en peaux au Ster'Agor. Ce marché annuel, réunissant les quarante-neuf tribus de la Petite Mer, se tenait non loin du village d'Her-Lann, où siégeait le "kheung", le roi de la Nation. Aujourd'hui, beaucoup de chasseurs avaient adopté l'arc. Cependant, certains, parmi les anciens, lui préféraient le propulseur ou la fronde, dont l'utilisation se per-dait dans la nuit des temps.
Jehn, alors âgé de douze ans, avait étudié l'arme de son père. Il s'était fabriqué son propre arc, taillé dans une branche très souple de noisetier. Très vite, il avait fait preuve d'une adresse inégalable, grâce à quelques modifications personnelles qui augmentaient son efficacité. Il choi-sissait lui-même ses pointes de silex. Selon le besoin, il employait des pointes à crochets ou en forme d'amande. Il sélectionnait les plumes de l'empennage, le bois de ses flèches, et ne se séparait jamais du bracelet de cuir destiné à protéger son avant-bras de la vibration de la corde.
A présent, malgré son jeune âge, nul chasseur ne pouvait se comparer à lui. Il lui semblait parfois, lorsqu'il tenait son arc en main, qu'il n'avait fait que redécouvrir un art qu'il connaissait depuis toujours.
L'arc n'était pas le seul domaine où Jehn se distinguait. Ainsi, il maniait la hache de pierre polie avec une force et une dextérité telles qu'il abattait un arbre en deux fois moins de temps que les autres. Sa précision à la fronde était foudroyante. A la lutte, plus aucun homme ne pouvait rivaliser avec lui. Au début, il en avait tiré quelque gloire. Mais son père lui avait dit :
- Ne laisse pas l'orgueil te troubler l'esprit, mon fils. Toute créature engendrée par Gwanea, la Déesse-mère, trouve toujours sur la voie de sa vie une créature plus forte qu'elle. Ne serait-ce que parce qu'elle est périssable. Un jour vient où elle est trop âgée pour combattre. C'est ainsi. Rien n'est définitif pour ceux qui vivent. Seules les pierres sont éternelles. Et puis, n'oublie jamais que l'esprit l'emporte sur la force. Dans le cas contraire, les dieux se chargeront de te ramener à la raison.
Jehn n'avait pas négligé les paroles d'Aalthus. Il gardait en mémoire l'orgueil démesuré de Roxdhan le Lourd, autrefois l'homme le plus fort de la tribu. Le Ster'Agor était également l'occasion de joutes à mains nues. Depuis plusieurs années, Roxdhan le Lourd terrassait tous ses adversaires sans coup férir. Il en avait acquis un caractère hâbleur, provoquant volontiers et sans raison les membres des autres tribus.
Un jour cependant, il avait trouvé face à lui un homme plus vigoureux, une brute au visage épais, venu des lointaines contrées du soleil levant. Le combat avait été terrifiant. Les joutes se déroulaient toujours dans un esprit de courtoisie et de respect. Mais cette fois, Jehn, alors âgé de huit ans, avait ressenti la haine qui déchirait les deux hommes, bien décidés l'un et l'autre à assurer leur suprématie.
Au terme d'une bataille violente et acharnée, Roxdhan le Lourd avait succombé, la nuque et les reins brisés. Il était mort sur le chemin du retour, sans que les connaissances du Man'Sha, l'homme-médecine, ne pussent rien pour le sauver. Jehn entendait encore l'écho de ses gémissements de douleur.
On n'avait pas revu son vainqueur l'année suivante. D'après le récit d'un membre de son clan, aveuglé par sa force, il avait voulu affronter un ours géant à mains nues. Celui-ci l'avait éventré et déchiqueté, sous le regard impuissant de ses compagnons.
Jehn n'avait jamais oublié cette histoire. Lui aussi avait tué un ours l'année précédente. Mais il l'avait affronté à l'aide d'un lourd épieu, à la pointe durcie au feu, et secondé par trois compagnons. L'animal menaçait les troupeaux de la tribu, et il n'y avait eu d'autre solution que de le neutraliser.
Depuis quelque temps, il prenait conscience d'un phénomène insolite. Alors que d'ordinaire, les pères exerçaient une autorité incontestée sur leurs enfants, Aalthus témoignait à l'égard de son fils aîné d'un respect aussi inhabituel qu'inexplicable. Il sollicitait souvent son avis, et ne prenait ses décisions qu'après l'avoir consulté, quitte parfois à les modifier en fonction de ce que pensait le jeune homme.
Au début, Jehn n'y avait pas attaché d'importance. Il n'y avait vu que la manifestation de la sagesse de son père, qui tenait à s'assurer plusieurs points de vue avant d'agir. Cependant, il avait parfois l'impression qu'Aalthus le considérait comme son égal.
Jehn sentait qu'Aalthus brûlait du désir de parler de ce qui s'était passé lors de la rencontre avec les loups, mais il ne savait pas comment aborder le sujet. Enfin, il se décida.
- Les loups sont de grands chasseurs, dit-il. Ils sont nos frères.
Le jeune chasseur sourit.
- Jehn ignore ce qui s'est passé. L'ours était l'ennemi. Jehn voulait la victoire des loups.
Il serra les poings et ajouta :
- De toutes ses forces.
Aalthus acquiesça en silence. Le jeune homme poursuivit:
- Alors, Jehn s'est transporté dans le corps et l'esprit du loup. Et il a combattu avec lui.
Il porta la main à ses lèvres.
- Et il a ressenti le goût du sang dans sa bouche.
Il se tourna vers le visage buriné de son père.
- Une telle chose est-elle possible, père ? As-tu déjà vécu pareilles expériences ?
Aalthus secoua la tête. Il hésita, sembla sur le point d'ajouter quelque chose, puis déclara simplement :
- Jehn est un grand chasseur! Et le loup est son frère. Gwanea a permis aux deux frères de combattre ensemble. Gwanea est toute-puissante.
Il posa une main pleine de chaleur sur le bras de son fils.
- Bientôt viendra le temps de l'Arundha, le passage de l'homme-enfant à l'homme-adulte. Elle aura lieu à l'époque de la "Nuit Courte". Mon fils doit la subir, et peut-être trouvera-t-il ce qu'il cherche.
Jehn demeura silencieux. Il sentait bouillonner en lui des puissances in-connues, terrifiantes, dont il ignorait l'origine. Aalthus avait raison. Les épreuves d'initiation lui apporteraient certaines réponses. Mais son instinct l'avertissait que ce qu'il y découvrirait en ferait un être différent. Car de ces réponses jailliraient de nouvelles questions encore plus mystérieuses.

A SUIVRE...

 
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